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Introduction au livre “TECHOUAT TSADIKIM”
“La Passion du Bien”
Guéniza: Thorah et Générosité
Kimha de Pisha

 


Miracles dans la famille

Miracles au sein de la famille :
Extrait de son Livre  « Léet Metso » ( 3éme tome : p 690 à 696.)
Pour bien montrer que tout tient à la Providence, que la délivrance de l'Eternel survient en un instant et que la miséricorde divine entoure celui qui met sa confiance en Lui, il est de notre devoir de raconter un miracle. La diffusion d'un fait miraculeux est une Mitsva, car le nom de D. en sort agrandi, et la foi en la Torah et en ses Sages renforcée. Dans ce but sacré, je rapporte ici un récit que j'ai entendu de ma grand-mère Esther, de mémoire bénie. …
Mon grand-père, Rabbi Chlomo, de mémoire bénie, d'une grande piété, s’est retiré, durant trois ans, dans une  chambre de sa maison, dans une symbiose  totale avec son Créateur,se consacrant entièrement à l'étude de la Torah; il vivait modestement de la gérance des propriétés de quelques riches orphelins dont il était le tuteur, et des Kapparot de Kippour pour des membres de familles aisées qui incluaient leurs dons dans le prix de ce service (il rejetait toute idée de profit).

Diffusion du savoir pour l’amour de la Torah.

Il maintenait, chez lui, une yéchiva à plein temps (le programme a été précédemment signalé dans la Lettre Ouverte ,il est extrait de «  Lumières d’Orient » qu’a écrit un de ses disciples)sans aucun profit, refusant tout bénéfice financier de la diffusion de la Torah; de cette école talmudique sortirent plusieurs rabbins, des érudits et des juges dont Rabbi Méïr Tolédano et son frère Rabbi Abraham, Rabbi Chalom Attias, Abraham Lahmi, Rabbi Moché Tolédano, juge au tribunal rabbinique de Meknès, Rabbi Mimoun Benattar "dayan" et professeur de Torah à Alexandrie en Egypte, tous de mémoire bénie, et d'autres encore comme Rabbi Yamin Belahsen etc.
« Lance  ton pain à la surface des eaux… »
La mère de Mimoun Benattar, un des élèves orphelins, travaillait durement pour subvenir aux besoins de sa famille; une année, la famine vint à sévir, et ils en arrivèrent à manquer de nourriture. Ma grand-mère, Esther Azogui épouse de mon grand père Rabbi Chlomo àÂô, remarqua que Mimoun sortait à l'heure du déjeuner en même temps que les autres élèves, mais revenait quelques minutes après ; elle en parla à son mari : il lui semblait, lui dit-elle, que le jeune Mimoun ne mangeait pas. Mon grand-père interrogea celui- ci qui, d'une voix entrecoupée de sanglots, lui répondit que depuis deux semaines, sa mère ne pouvant assurer qu'un dîner frugal composé de pain, d'olives et de thé, ils restaient à jeun toute la journée.
Mettant sa femme au courant des confidences de Mimoun, ils décidèrent, ensemble, de réduire, à partir de œ jour, leurs propres besoins pour inclure le jeune élève dans leurs dépenses. Ce dernier continua à sortir en même temps que ses camarades à l'heure du déjeuner afin que ceux-ci ne s'en aperçoivent pas, puis revenait à la maison prendre son repas comme un membre de la famille. Il en fut ainsi durant une longue période.

« Un soulagement émerge de la détresse »
La mère de Mimoun vint un jour, en compagnie de son fils, demander à mon grand-père une bénédiction pour son départ et celui de sa famille car, ne pouvant même plus leur assurer l'unique et modeste repas quotidien, elle fuyait devant la famine en se rendant en Eretz-Israël. Mon grand- père, de mémoire bénie, lui donna sa bénédiction, lui souhaita un bon voyage, une réussite et un avenir prometteur dans la voie de la Torah.
« La famine dans la ville, fuit vers une autre direction … »
Après plusieurs mésaventures, maladies et dans une effroyable indigence, la famille parvint à Alexandrie, en Egypte. Ils se rendirent à la maison de bienfaisance communautaire où ils ne trouvèrent que crasse et brouhaha de vagabonds. Leur mère les emmena à l'office du vendredi soir à la synagogue de la ville, Mimoun et son frère Yaakov obtinrent du bedeau l'autorisation de dormir dans l'édifice car le bruit de la maison d'accueil les empêchait de trouver le sommeil. Et où prenez-vous vos repas? demanda le bedeau. "Nous nous en passerons, répondirent-ils, pourvu que nous puissions récupérer". Celui-ci les conduisit chez lui, où ils se restaurèrent et passèrent la nuit. Le lendemain à l'office de Cha'harit, le bedeau annonça à l'assemblée des fidèles :"Nous avons deux orphelins. Qui veut bénéficier de l'un d'entre eux?" Deux personnes se proposèrent. Mimoun se mit à pleurer expliquant qu'il ne pouvait être séparé de son frère.
Finalement ils furent invités ensemble par l'un des hôtes. Durant le repas, ils rapportèrent des commentaires sur la Torah, entonnèrent des chants de chabbat. Leur bienfaiteur était un riche propriétaire d'un atelier de bijouterie dont les enfants fréquentaient des écoles laïques sans le moindre enseignement biblique. Le maître de maison fut ébloui par leur éducation, leur savoir et leurs chants et proposa de leur donner une formation de bijoutier dans son atelier en les hébergeant et en leur assurant le couvert et l'habillement et en contrepartie ils enseigneraient le soir la Torah à ses fils. Yaacov accueillit favorablement la proposition mais Mimoun déclara qu'il préférait étudier et approfondir la Torah. Finalement Yaakov demeura dans cette famille et Mimoun resta en rapport avec eux, gardant là un foyer d'accueil ; ils lui procurèrent une place de chantre puis de ministre officiant à la synagogue, ensuite il enseigna au 'Héder, puis au Talmud Torah pour devenir directeur de l'établissement. Prenant de plus en plus d'avancement il finit par occuper les fonctions de juge et Rav de la ville.
Mais revenons à mon grand-père Rabbi Chlomo.
« Je n'ai jamais vu de saint homme à l'abandon et ses descendants mendiant du pain.»
Un jour, après les fêtes de Soukot, il se rendit au tribunal rabbinique pour remettre des comptes. Le riche orphelin, David Soudry, un jeune homme honnête et droit, ne pouvait, étant trop naif, gérer ses terres. Au tribunal on l'informa que David désirait obtenir son indépendance. Mon grand-père retourna chez lui, amer et le coeur lourd.
(A cette époque les Talmidé Hakhamim vivaient dans la pauvreté, acceptant les dons, et pour mon grand-père qui refusait cette forme de dépendance, la douleur était deux fois plus grande, comment allait-il vivre?)
Sa sainte femme, voyant sa peine, se fit un devoir de l'encourager par des paroles sereines et confiantes en la miséricorde divine, comme savent le faire les femmes pieuses. "Nous avons des réserves de nourriture suffisantes pour trois mois. Un peu de blé, de l'huile et même de la viande en conserves et du vin pour la bénédiction". Alors comme "un juste vivant sa foi", mon grand-père secoua son fardeau de soucis et s'en remettant à D. retourna à la Yéchiva étudier avec ses élèves.

« La Délivrance entoure celui qui espère en D.»

Par une froide et pluvieuse nuit d'hiver, alors que personne ne passait dans les rues sombres et boueuses, mon grand-père parcourait les pages d'un livre à la lueur d'une lampe à huile tandis que ma grand-mère, assise face à cette faible lumière, crochetait des boutons de soie qu'elle revendait pour participer aux dépenses du foyer. Soudain on frappa à la porte : "Ouvrez-moi, car je suis couvert de pluie et de grêle !" A la surprise générale, la silhouette d'un notable de la ville, le regretté Moché Attar, apparut dans l'encadrement de la porte.
-"Que me vaut la visite de monsieur par un temps pareil? demanda mon grand-père. Les bourgeois avaient l'habitude d'introduire leur sujet par des propos humoristiques. Moché dit à mes grands-parents: "Vite, servez-moi un verre de Mahia (alcool de figues) pour me réchauffer la gorge, parce que j'ai froid, et après cela, quelques sucreries pour dissiper les aigreurs".
Mon grand-père fit signe à sa femme de voir s'il restait encore une goutte d'alcool dans la bonbonne. Elle servit aussi des conserves de viande restées au fond de la jarre et s'éclipsa. Moché but une gorgée de Mahia et sortit une bourse de 500 douros d'argent de sa poche, la déposa sur la table et dit :"Rabbi Chlomo, prends donc l'argent que Ton Créateur t'envoie !"
Il ajouta : " Il y a encore cinq mesures de blé, des lentilles, des pois et des fèves pour toi. Avez-vous de la place pour ranger le tout, sinon dites-moi ce que je peux vous envoyer, je vendrai le reste et vous restituerai le montant de la vente".
Bien sûr, mon grand-père n'en croyait pas ses oreilles et ses yeux. " Que dit monsieur, je ne comprends pas ". Moché lui répondit : " Tu comprendras lorsque je t'aurai raconté les miracles qui nous arrivent à tous deux ".

Premier miracle :

 

Moché raconta : " Toute ma fortune et mon avoir sont investis dans le gros et le menu bétail, tout mon travail, depuis plus de vingt ans, est dans les semences et les vignes. Mon intendant était un villageois arabe, un paysan qui avait toute ma confiance. Je lui ai tout remis entre les mains. Comme il était honnête et scrupuleux, je n'avais pas fait de contrat écrit, ni pris de témoin. Il y a quelques mois, cet homme mourut subitement. Je suis allé présenter les condoléances à ses enfants, qui sont au nombre de dix, et qui travaillaient avec lui, gardant le troupeau, semant et ainsi de suite. La discussion vint à porter sur les biens. Ils répondirent d'une seule voix : " Tout appartient à notre père et nous avons hérité de plein droit de sa fortune ". Toutes les tentatives, les menaces et les flatteries ne furent d'aucune utilité.
Ils niaient tout, affirmant qu'ils ne m'avaient même jamais connu. Et pour donner plus de véracité à leurs propos, ils étaient prêts à jurer sous serment que tout appartenait à leur père.
N'ayant plus d'autre alternative, je me rendis chez le Caïd qui nous connaissait tous deux, l'arabe défunt et moi, et lui racontai que les héritiers avaient tout nié. Le Caïd me demanda si j'avais des traites ou un quelconque document écrit. " Non ! répondis-je. Tout le village sait et vous-même savez quelle était la situation ". Il me rétorqua que la loi stipulait qu'il était impossible de réclamer des fonds à une tierce personne sans l'appui d'une traite ou d'un contrat. Mes supplications ne furent d'aucun secours, je le quittais désespéré. En chemin, je levais les yeux au ciel et dit en pleurant :
" Maître du monde, Tu connais mon labeur et mon acharnement, dans la chaleur du jour et le froid de la nuit, Tu sais combien de dangers j'ai affronté avant d'obtenir ce que j'ai eu, et de quelle manière, en une seconde, je suis tombé du ciel à la terre. Des Talmidé Hakhamim aussi pourraient profiter de cet argent. A cet instant je me souvins que Rabbi Chlomo n'avait plus de revenus ayant perdu sa fonction de tuteur. Alors je fis un vœu : " Si D. m'aide à récupérer mon argent, je donnerai 10%de la valeur totale aux Talmidé Hakhamim nécessiteux. Je précisais à voix haute : " La moitié sera pour Rabbi ChIomo et l'autre moitié ira aux autres sages ".
Puis confiant dans la Torah et dans ses disciples, je retournai chez le Caïd le lendemain et l'implorai de me sauver de ce malheur. Pris de compassion, il entreprit de me faire des ouvertures, notamment ce que je devais répondre lorsqu'il me demandera si j'avais des preuves écrites ; je devrais dire " Oui, je les ai à la maison ! " Puis me demandant de les apporter le lendemain, il se chargerait entre-temps de finir le travail. Il en fut ainsi. Il les convoqua. Ils continuèrent à tout nier. Le Caïd intervint : " Juif, as-tu des documents écrits ?" " Absolument, ils sont chez moi ". " Tu peux partir, et reviens demain avec les papiers ". Après mon départ, le Caïd s'adressa sévèrement aux héritiers : " Vous devez savoir que le juif est allé chercher ses preuves écrites ; à présent, dans votre intérêt, avouez avant qu'il ne rapporte les pièces écrites ; mais si vous ne reconnaissez pas les faits et que le juif fournisse des documents, je vous trancherai un des membres que je jetterai en pâture aux chiens",
Devant ce sérieux avertissement, ils se regardèrent puis lui dirent : " Monsieur le Caïd, jusqu'à ce jour nous avons travaillé dans l'affaire avec notre père ; si le juif reprend ce qui lui revient, de quoi vivrons-nous, nous et nos enfants ? " Alors le Caïd leur répondit : " Je vais essayer d'obtenir de lui qu'il continue avec vous les relations qu'il entretenait avec votre père ". Ils se prosternèrent à ce moment devant le Caïd en disant : " D. est Tout puissant, D. est Tout puissant. Tout ce que dit le juif est vrai et juste ". Le lendemain, à mon arrivée il me dit :
" Inutile de sortir les preuves. Ils ont avoué de plein gré. Mais j'ai une demande à te faire. Continue dans ta générosité, de la même manière que tu te conduisais avec le père ".
" Tout ce que vous me demanderez je le ferai, par respect pour vous ", répondis-je, " mais je souhaite que les choses soient établies selon la loi et dans la légalité ". Le Caïd envoya chercher des huissiers que j'accompagnais à la ferme, aux champs et dans les pâturages où paissaient les moutons et les vaches. Ils notèrent tout, signèrent et me remirent l'attestation. Je pleurai de joie à cet instant, je bénis D. pour sa bonté et sa justice à mon égard, et maintenant je viens m'acquitter du voeu que j'ai fait devant Lui.

Un miracle en cache un autre

Mes grands-parents vécurent deux ans du fruit de ce voeu, puis l'argent s'épuisa au mois d'Adar ; après Pourim, les soucis des dépenses de Pessa 'h, les achats de nourriture, l'habillement, la vaisselle qu'il faut parfois racheter commencèrent à les ronger, et ce en plus des difficultés quotidiennes ; il fallait serrer de plus en plus la ceinture ; tous les jours, ma grand-mère levait les yeux au ciel, comment et par quoi entamer les dépenses de fête, et mon grand-père, de mémoire bénie, lui répondait : " Le Saint béni soit-Il ne nous a pas abandonné et ne nous abandonnera pas, les jours de Nissan sont pleins de miracles ", " elle fait venir son pain des pays lointains ". Désespérée, les fêtes se rapprochant de plus en plus, elle proposa à mon grand-père d'emprunter de l'argent à ses amis, puis après Pessa'h ils vendraient un des objets de la maison pour rembourser car il ne restait plus assez de temps pour les préparatifs de la fête.

Second miracle :

« La voix de mon bien-aimé parvient, il bondit au-dessus des montagnes, il escalade les collines".
Tôt le matin, après la prière de Cha'harit, voici que le directeur de la poste anglaise (Rabbi Eliyahou Na 'hmani de mémoire bénie) se fit entendre : " Rabbi Chlomo, Rabbi Chlomo " . Mon grand-père jeta un coup d'oeil par la fenêtre du premier étage et descendit ouvrir ; Celui-ci lui dit : " Ecoute, Rabbi Chlomo, cinq louis d'or ont été adressés en ton nom de l'étranger, mais la lettre explicative qui devrait les accompagner n'est pas encore arrivée. Nous sommes veille de fête, tu dois sûrement avoir besoin d'argent ; prends ces cinq louis d'or et dans quelques jours nous saurons qui en est l'expéditeur".
Mon grand-père ne put en croire ses oreilles. Sa joie était incomplète car les louis auraient pu lui avoir été adressés par erreur ou pour qu'il les remette à quelqu'un d'autre, mais sa joie dominant ses doutes, il raconta les faits à ma grand-mère ajoutant, " nous n'y toucherons pas avant la réception de la lettre ". Deux jours après, la lettre arriva, expédiée par Rabbi Mimoun Benattar dans laquelle il racontait tout ce qu'il avait enduré depuis son départ de Meknès, ajoutant qu'aujourd'hui il gagnait largement sa vie en tant que Dayan et Rav, qu'il avait entendu que son maître avait des difficultés financières et qu'à partir de ce jour il leur enverrait cinq louis d'or par mois car " tout ce qui m'appartient je te le dois ". Et il en fut ainsi; chaque mois il recevait la somme par l'intermédiaire de la poste.

Troisième miracle :

L e  Saint béni soit-Il fait précéder le remède au mal.
Mon père, de mémoire bénie, était un des meilleurs élèves de la Yéchiva de mon grand-pére. A cette époque, l'école de l'Alliance venait d'ouvrir ses portes pour l'enseignement du français à Fes, et l'un des étudiants de mon grand-père s'y rendit ;  Il s'agissait de Chalom Nah 'mani (qui fut greffier au tribunal rabbinique). Deux ans plus tard, il était de retour à Meknès pour réintégrer la Yéchiva. Ses camarades avaient entre temps avancé, et lui, ne suivait plus. Il demanda alors à mon père de reprendre le cours du jour avec lui après la classe et en contrepartie, il lui enseignerait le français, du moins ce qu'il avait appris à l'école de Fes ;  ainsi, pendant une certaine période, Chalom instruisit mon père.
Délivrance,  issue  du malheur
 C'est à cette époque que ma tante paternelle 'Hanna tomba gravement malade, et mon grand-père dut l'amener à Fes chez un médecin, affecté au palais royal, le docteur Manni (fils de Rabbi Eliyahou de Hebron). Le traitement dura six mois. La tribu des Ziyyan se souleva à cette période contre le roi et se mit à piller la population locale. Le roi demanda l'aide de la France, notamment l'envoi d'un contingent militaire, pour rétablir l'ordre dans le pays. Quelques jours plus tard, des soldats de l'armée française arrivèrent d'Algérie avec cavalerie et munitions. Les juifs de Fès, qui avaient appris la langue française, ravitaillèrent l'armée française faisant ainsi d'excellentes affaires.
La rumeur que les militaires poursuivraient leur route sur Meknès dans un mois se répandit à Fès. Notant que les francophones avaient réussi dans les échanges commerciaux avec l'armée à Fès, mon grand-père écrivit à mon père pour l'en informer et lui demanda de faire des emprunts chez certains membres de la famille et d'acheter un maximum de charbon, des oeufs et autres articles qu'il revendrait au contingent français avec des bénéfices substantiels. Ainsi, mon père se procura des marchandises et les revendit au double et quadruple du prix, puis il engagea des employés juifs et non-juifs qui avaient pour tâche de préparer les stocks pendant que lui s'occupait de sa Yéchiva ; puis lorsque la marchandise était prête, il se rendait au camp de l'armée française, la livrait et prenait une nouvelle commande et ainsi de suite. En peu de temps, il s'enrichit, se fit un nom auprès des officiers français et des fournisseurs, sans, oublier les autorités marocaines qui, étant donné ses relations, le respectaient par peur de ses alliés.
Un jour de 'Hol Hamoed, l'armée eut un besoin urgent de viande; elle demanda à mon père de se rendre au marché au bétail pour leur acheter des boeufs. Il refusa, expliquant qu'il était interdit de travailler un jour de mi-fête. Le commandant chrétien alla chercher, auprès des autorités rabbiniques de Fès, un arrêté qui stipulait qu'en pareil cas il était permis de commercer. (Mon père n'ignorait pas cette dérogation mais ne voulait pas les habituer). Il eut à plusieurs reprises l'occasion, lors de certains événements, de sanctifier le Nom divin; il fit sortir plusieurs juifs de prison, évita plusieurs affronts à des coreligionnaires grâce aux liens étroits qui l'unissaient aux français. Il prospéra dans le commerce et prit la suite de mon grand-père dans la Yéchiva.
La maxime des rabbins se réalisa:
" Celui qui accomplit la Torah dans la pauvreté, finira par l'appliquer dans la richesse"

 Et il eut le mérite de se distinguer dans deux domaines, celui de la Torah et celui de la fonction publique. Il subvint aux besoins de mon grand-père et de sa famille, dans l'opulence et l'honneur. Du jour où il commença à faire des affaires, l'allocation mensuelle de cinq louis qu'il recevait de Rabbi Mimoun cessa. Mon grand-père mourut après une vieillesse heureuse, le 13 Nissan, on l'enterra avec de grands honneurs. Tous les rabbins et notables de la ville suivirent le cortège de ses funérailles. Que son âme repose en paix.

A cette date, mon père organisait chaque année une journée d'étude pour le repos de l'âme de mon grand- père dans la synagogue dite de "Rabbi Ydidia", étude à laquelle participaient près de cent Talmidé Hakhamim qui repartaient tous, les mains chargées ; les uns entraient, les autres sortaient, et ce jusqu'aux heures avancées de l'après- midi.
Que Celui qui a accompli des miracles à nos pères, fasse de même pour nous, qu'Il ne nous abandonne pas, qu'Il se souvienne du mérite des pères pour en faire bénéficier les enfants,
" Qu'Il replace la Couronne des temps jadis ": KETER TORAH
Que le livre de la Torah ne quitte, à jamais, ni nos lèvres ni celles de nos descendants. Amen

 

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